Du vendredi 29 novembre 2024
au samedi 30 novembre 2024
Espace Miramar
35 rue Pasteur
06400 Cannes
Entrée libre et gratuite
Pour la 4e année consécutive, l’association Cannes Université organise le volet « débats » des Rencontres de Cannes et propose pour cette édition de traiter du thème essentiel de la transmission.
Quel patrimoine intellectuel, naturel, historique nous a-t-on transmis et quel est celui que nous souhaitons transmettre aux générations futures ?
Transmettre est aujourd’hui une question épineuse alors que les heurts du monde remettent en cause les évidences sur lesquelles il s’est construit. Face aux risques nouveaux que l’on doit affronter, transmettre est autant changer que préserver. Construire l’avenir doit nous amener à repenser nos valeurs et nos modèles qu’ils soient éducatifs, économiques ou culturels. Mais pourtant, rien de solide ne peut se bâtir sans s’appuyer sur le passé qui porte en lui autant de problèmes que de solutions.
Quelle pédagogie utiliser pour confier au mieux nos valeurs et nos connaissances aux plus jeunes, tout en prenant en compte l’évolution de la société ? Quel est l’apport du passé parfois tumultueux des peuples dans l’édification d’un monde que d’aucuns veulent ouvert et d’autres fermé ?
Lors de ces Rencontres débats, des économistes, des pédagogues, des politologues, des psychologues, des philosophes, des penseurs, des enseignants, des historiens aborderont les enjeux, les processus et les contenus de la transmission.
Modérateur : Philippe Muller, journaliste
Ouverture du colloque
La transmission dans l'éducation : conditionner ou émanciper ? par Pierre Vesperini, philosophe et historien
La transmission est souvent présentée comme une valeur en soi (« il est important de transmettre », « les parents ne savent plus transmettre »…), sans que l’on ne s’interroge ni sur le contenu de la transmission (que transmet-on ?) ni sur sa finalité (transmettre pour quoi faire ?). Or il n'existe pas de transmission neutre, qui serait en soi bénéfique. L'objet de la conférence sera donc d'éclairer, à travers des exemples concrets, cette question, une des plus cruciales qui se posent aux sociétés humaines actuelles.
L’autorité éducative face à la tyrannie de la majorité par Didier Pleux, psychologue
Nos enfants subissent de plus en plus les influences de leurs pairs via les réseaux sociaux. La philosophe Hanna Arendt évoquait déjà cette « tyrannie de la majorité ». Tyrannie générée par l’affaiblissement de l’autorité parentale. Début XXIe, l’éducation bienveillante ou « positive » à la française affaiblit l’autorité éducative. Le retour d’une autorité éducative « juste » augmenterait leur seuil de tolérance aux frustrations et les rendrait moins vulnérables au principe de plaisir.
Un élitisme pour tous par Cécile Ladjali, enseignante et écrivaine
Cécile Ladjali enseigne dans le secondaire auprès de jeunes autistes et malentendants. Elle dirige le Programme Baudelaire (Université Paris-Cité), un programme universitaire d'excellence, dispensé par des professeurs également artistes et conçu pour des étudiants de Licence, issus des quartiers sensibles. L'exigence, les Humanités, et l'articulation théorie-pratique (création artistique) sont au centre de son crédo d'enseignante. Lectrice passionnée, elle partage son amour de la littérature avec ses élèves. C'est par ce biais qu'elle envisage la transmission de la langue, du savoir.
En présence de Philippe Guyard, directeur de l’ANRAT, et de Stéphanie Clérissi, professeure de lettres et de théâtre.
Le film voyage d'un niveau scolaire à un autre pour raconter une histoire : celle d'une école où l'on apprend mieux, grâce au partenariat entre enseignants et artistes, à découvrir, à s’épanouir, à s'écouter, à partager, à s'émouvoir et à rêver ensemble. Primaire, collège, lycée et parcours professionnalisant, quatre classes distinctes voient le théâtre faire irruption dans leur quotidien. À mesure que le film progresse, le sens du collectif se renforce, et le théâtre prend une place plus importante dans la vie des élèves.
Un documentaire de Valentin Boulay et Gildas Le Roux, réalisé par la Compagnie des Indes et coproduit par l'Association Nationale de Recherche et d’Action Théâtrale (ANRAT) à l'occasion de ses 40 ans. Durée : 52 minutes / tout public (2024).
Migration et transmission chez les maraîchers parisiens par Jean-Michel Roy, historien et ethnographe
Les petits métiers de Paris ont toujours eu une fonction intégratrice des nouveaux arrivants, migrants de provinces proches ou lointaines. Le maraîchage urbain avait la même fonction. L'apprentissage du métier s'opérait en regardant faire et en faisant et l'on acquérait, peu à peu, capital technique et social. Après la seconde Guerre Mondiale, la migration bretonne s'est tarie et elle a été remplacée par une immigration étrangère. La barrière de la langue a presque mis fin à la transmission des connaissances. Pourquoi ne pas apprendre aujourd'hui le français à des migrants venant pour beaucoup du monde agricole et rural en leur transmettant les techniques du maraîchage sur très petites surfaces et ainsi réinventer les contours d'un métier aussi utile qu'efficace ?
De valises et de valeurs. Qu’apporte-on, que transmet-on quand on migre ? par Nancy L. Green, historienne
Les valises, les ballots, signes matériels et en même temps symboles de la mobilité. Qu’est-ce qu’on choisit d’emporter ? Puis qu’est-ce qu’on transmet ? Le samovar du grand-père ? La chanson de la grand-mère ? Langue, coutumes, pratiques murmurées de génération en génération. La question de la transmission et la migration va au cœur des questions d’intégration et de sauvegarde de la mémoire, les deux à la fois.
Les transmissions psychiques inconscientes par Barbara-Ann Hubert, psychanalyste
Au-delà de la transmission consciente, des émotions dommageables et toujours actives emplissent nos bagages, transmises par l’inconscient individuel ou collectif. Comment les repérer, s’en décharger, et en interrompre la transmission d’une génération aux suivantes ? Comment laisser ainsi la place à une parole libératrice qui générera davantage de liberté d’action ?
Programme sous réserve de modifications
Les intervenants
Pierre Vesperini
Didier Pleux
Cécile Ladjali
Philippe Guyard
Stéphanie Clérissi
Jean-Michel Roy
Nancy L. Green
Barbara-Ann Hubert
Nicolas Bouzou
Stéphane Rozès